Le COVID-19 a placé le Monde face à une crise d’une
ampleur inédite. Trois mois après la déclaration de « l’état d’urgence
sanitaire » en France, Sébastien Vincini, Président de la majorité
départementale Socialiste, Radicale et Progressiste de la Haute-Garonne, répond
à nos questions.
Quels sont vos premiers mots aux haut-garonnaises et
haut-garonnais ?
Je voudrais m’adresser à toutes celles et tous ceux
frappé.e.s par la maladie, qui ont perdu un parent, un ami… et les assurer de nos
sentiments les plus sincères de fraternité et de solidarité.
Je voudrais réaffirmer notre profonde reconnaissance à tous
les professionnels engagés contre l’épidémie ou qui ont continué d’exercer une
profession essentielle à la vie du pays, aux citoyennes et citoyens dévoué.e.s,
aux bénévoles mobilisé.e.s dans les associations mais aux porteurs d’initiatives
solidaires individuelles.
Une reconnaissance qu’il faut étendre aux fonctionnaires
de notre Département et de l’ensemble du territoire, à ces celles et ceux qui
font l’âme du service public, qui ont fait face.
Qu’elle a été la ligne de conduite du Conseil départemental
depuis le début de l’épidémie ?
Depuis le début de la crise, notre majorité a mis un
point d’honneur à œuvrer avec responsabilité et pragmatisme dans le champ des
compétences départementales. Je considère que dans ce département nous avons
fait face. Nous avons su prendre les mesures d’urgences qui s’imposaient alors qu’un
drame social, amplifié par les mesures de confinement, devenait le corollaire
de la crise sanitaire.
Quelles mesures concrètes avez-vous mises en place ?
Très rapidement, nous avons lancé un plan d’urgences
sociales. Sans faire un inventaire exhaustif des mesures prises, alors que la
France était à l’arrêt, nous avons agi vite et fort : distribution de
bons solidaires, prêt de tablettes numériques aux collégiens, accompagnement des
élus locaux, création d’un fonds d’urgence de 3,7 millions d’€ pour les acteurs
locaux, annulation des échéances d’emprunts pour les créateurs d’activité, mobilisation
d’un fonds exceptionnel de 3 millions d’€ pour les associations, avance
financière aux établissements médico-sociaux…
Puis une injonction jacobine est tombée avec la date du
11 mai… Là encore il a fallu faire face sans instruction claire.
Quelle a été la stratégie de votre majorité après
l’annonce de la date du 11 mai par le Gouvernement ?
Notre ligne de conduite a été la même que depuis le début
de notre mandat : agir en responsabilité en plaçant l’Humain au cœur du projet.
Nous avons organisé la reprise progressive des services
publics départementaux dans le respect strict des règles sanitaires mais aussi
des 96 collèges du département, transports scolaires et interurbains, services
sociaux, structures culturelles ou encore des chantiers des nouveaux collèges
ou de la fibre optique… Grâce à notre mobilisation et à celle de la Région,
nous avons commandé près de 4 millions de masques pour la population, les
personnels du médico-social et pour les besoins de ses services. Le tout pour
un budget de 5 millions d’euros. Dès le mois de mars, nous avons mis le
Laboratoire départemental 31 EVA à disposition de l’État pour effectuer des
tests de dépistage.
Bien entendu, le plan départemental d’urgences sociales
que nous avions lancé a été pérennisé…
Les collectivités territoriales sont-elles les actrices
principales de la lutte contre le COVID-19 ?
Contradictoires, approximatives, floues, incohérentes… les
adjectifs ne viendraient pas à manquer s’il était nécessaire de qualifier les
consignes données par le Gouvernement depuis de la crise du COVID-19…
Pourtant, qu’il s’agisse des communes, des
intercommunalités, des départements, des régions, les collectivités de
proximité ont su faire preuve d’adaptabilité et d’agilité face à un
Gouvernement impréparé et au jacobinisme défaillant.
Il faudra tirer des enseignements des moments difficiles…
Précisément, le rôle majeur des Départements comme collectivité de proximité ne
pourra pas, ou pour être exact « ne pourra plus » être ignoré
à l’avenir. Il y a peu de temps encore, il était question de supprimer les Départements !
Aujourd’hui, chacun imagine sans mal la catastrophe, notamment sur le plan de
l’aide sociale, qu’une telle décision aurait généré…
Quel espoir portez-vous pour le « monde
d’après » ?
Un espoir de rupture. Comme le disait Einstein :
« la folie c’est de se comporter de la même manière et de s’attendre à
un résultat différent ». Nous ne pouvons plus continuer comme avant.
Nous ne pouvons plus continuer à piller notre unique biosphère. Nous devons
revisiter l’action publique, proposer à nos concitoyens une société plus
solidaire, plus humaine où chacun peut vivre dignement.
C’est en ce sens que nous avons appelé encore une fois le Gouvernement à
autoriser le Département de la Haute-Garonne a expérimenter un revenu de base
ou encore que notre majorité a lancé une grande consultation citoyenne pour
définir avec les haut-garonnais les priorités de ce « monde d’après ».
Le mot de la fin ?
LES mots de la fin… ceux de l’écrivaine indienne Arundhati Roy : « la
pandémie est un portail entre le monde d’hier et le prochain. Nous pouvons
choisir d’en franchir le seuil en traînant derrière nous les dépouilles de nos
préjugés et de nos haines, notre cupidité, nos banques de données et nos idées
défuntes, nos rivières mortes et nos ciels enfumés. Ou nous pouvons l’enjamber
d’un pas léger, avec un bagage minimal, prêts à imaginer un autre monde. Et
prêts à nous battre pour lui ».
Ensemble, battons-nous !
Sébastien VINCINI, Président du Groupe Socialiste Radical et Progressiste, Conseiller Départemental du Canton d’Auterive.