Session Extraordinaire Contribution Grand Débat
DÉMOCRATIE ET CITOYENNETÉ
Œuvrer à travers une politique culturelle ambitieuse à l’émancipation des individus et à la reconquête du sentiment d’appartenance commune
» Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. » Albert CAMUS
La culture constitue l’une des réponses aux défis qui sont aujourd’hui lancés à notre République. A l’heure où les pratiques culturelles des Français sont en pleine évolution et où la moitié d’entre eux reste éloignée de toute offre culturelle, la question de l’accès à la culture doit être placée au cœur du débat et des politiques publiques.
La culture doit être érigée en véritable priorité car elle est facteur de cohésion sociale, d’émancipation citoyenne et permet la défense de l’idéal républicain. La capacité de la culture à incarner des valeurs communes est tout aussi fondamentale que son rôle en faveur du lien social dans les territoires.
C’est la vision que nous défendons au Conseil départemental par notre attachement réaffirmé à une présence forte de la culture dans la vie des habitants, où qu’ils résident sur le territoire haut-garonnais. Le choix a été fait d’augmenter le budget dédié à la culture : renouveler notre soutien aux acteurs culturels et aux manifestations culturelles constitue pour nous un acte politique fort à l’heure où se délite le socle des solidarités fondamentales, au moment où, dans un monde en bascule et une société en crise, l’obscurantisme et le fanatisme refont surface, faisant le lit du repli sur soi et d’une vision communautariste du monde.
La culture est un formidable moyen de se dresser et de résister face aux ennemis du progrès, de la raison et de l’humanisme. La promotion des valeurs républicaines et du vivre-ensemble (éducation populaire, lutte contre toute forme d’intégrisme, liberté de conscience et affirmation de l’esprit critique, sensibilisation à la place de l’art dans la construction de l’individu) a d’ailleurs été érigée en critère d’attribution des subventions aux associations culturelles.
Enfin, parce que la question de l’émancipation par la culture est aujourd’hui fondamentale, le Département a lancé une grande concertation publique visant à recueillir les propositions des citoyens pour améliorer l’accessibilité de l’offre culturelle départementale.
Aussi, nous ne pouvons que déplorer que le grand débat n’ait pas fait de place, à ce stade, aux politiques culturelles. Dans la lettre du Président de la République aux Français, le mot « culture » apparaît uniquement au registre des services publics financés par l’impôt. Elle est donc présentée comme un objet de dépenses, ce qui est regrettable car la culture ne saurait être envisagée comme une variable d’ajustement budgétaire.
Quant à l’absence de revendications concernant les politiques culturelles dans le mouvement des gilets jaunes, celle-ci doit nous interpeller et renforcer notre conviction de l’urgence à agir dans ce domaine. Pour reprendre l’analyse de Marie-Claire Martel, présidente de la Coordination des fédérations et associations de la culture et de la communication (Cofac),« une première explication tient au phénomène du « ce n’est pas pour moi ». Un constat inquiétant, qui nous renvoie à l’insuffisance des politiques en faveur de l’accès à la culture (…). Une deuxième explication est que le manque de culture ne produit pas les mêmes effets sensibles que le manque d’argent. C’est beaucoup plus sournois. »
Alors, si de par le monde les totalitarismes et les intégrismes rêvent d’empêcher toute imagination, toute intelligence du regard et toute pulsion de vie, il nous faut continuer de croire aux valeurs de partage et de vivre ensemble, il nous faut continuer de porter une vision fraternelle de l’humanité. Pour cela, il est indispensable de mener enfin une politique culturelle ambitieuse et volontariste, car elle est la clé de l’émancipation des individus et le chemin vers la reconquête du sentiment d’appartenance commune qui garantit le vivre ensemble et la cohésion dans notre République.
Rapporteure Anne BOYER, conseillère départementale du Canton de Toulouse 3