SESSION PUBLIQUE JUILLET 2019
Objet : Les Réseaux Express Vélo (REVe) : une alternative aux déplacements motorisés domicile-travail
Mesdames, Messieurs,
L’attractivité de la grande agglomération toulousaine est source d’une forte croissance économique mais également démographique qui génère chaque année toujours plus de déplacements quotidiens ou de transit. Cette congestion automobile et ses conséquences sur la santé (stress, qualité de l’air, etc.) atteignent des proportions insupportables pour nos concitoyens. Selon les projections du plan de déplacements urbains appelé « Projet Mobilités 2020-2025-2030 » approuvé par Tisséo Collectivités en février 2018, cette situation va se dégrader puisque le nombre de déplacements quotidiens sur la grande agglomération toulousaine, tous modes confondus, est estimé à près de 4,5 millions de déplacements par jour à l’horizon 2025 dont 50 à 55% en voiture.
Maintenir la voiture individuelle au centre des mobilités du quotidien est d’autant plus difficile pour nos concitoyens qu’elle est source de dépenses qui pèsent lourds dans le revenu des ménages. Il est donc de notre responsabilité de construire une mobilité durable basée sur une offre de transports diversifiée et respectueuse du cadre de vie.
C’est pourquoi en 2018, l’État, la Région Occitanie, le Conseil départemental de la Haute-Garonne, Toulouse Métropole et Tisséo Collectivités ont engagé conjointement des études multimodales qui ont pour objectif d’explorer tous les leviers d’actions afin d’améliorer la mobilité dans l’agglomération toulousaine. Parmi les études engagées, le Conseil départemental a souhaité porter la réflexion sur la promotion du covoiturage et du vélo, alternatives durables répondant à une forte attente des habitants.
En ce qui concerne le vélo, ce mode de transport est identifié comme un des potentiels importants en termes de report modal. Mais pour rendre cette pratique concurrentielle sur les trajets domicile-travail, les aménagements doivent proposer des itinéraires cyclables à haut niveau de service. Ce réseau, aussi appelé Réseau Express Vélo (REVe), doit allier sécurité, continuité, lisibilité et confort tout en proposant des services associés tels que parkings vélos sécurisés, éclairage, jalonnement, etc.
L’étude réalisée ces derniers mois par le Conseil départemental sur le sud, le sud-est et l’ouest toulousain a permis d’identifier des opportunités pour créer des REVe sur les territoires du Muretain Agglo, du Sicoval et de la Communauté de Communes de la Save au Touch. Menée en coordination avec l’étude portée par Toulouse Métropole sur son propre territoire, l’étude pilotée par le Conseil départemental propose la réalisation d’itinéraires, souvent en site propre, qui constitueraient un maillage du territoire permettant de relier à vélo les communes périphériques et leur bassin de vie au centre de Toulouse dans des temps concurrentiels.
Cinq axes « pénétrants » sont ainsi ressortis de l’étude comme pertinents pour constituer une trame structurante. De ces colonnes vertébrales, des axes transversaux ont également été identifiés qui permettraient d’assurer des connexions entre axes « pénétrants » ou des connexions vers d’autres modes de transport tels que le train ou le métro.
L’ensemble de ces aménagements représente un total de 42 km pour un montant estimé à environ 53 M€. Ce montant comprend les travaux d’aménagement des infrastructures cyclables pour 48 M€ mais également les équipements assurant un haut-niveau de service (parkings vélos sécurisés, jalonnement, éclairage, etc.) ainsi que les études et les acquisitions foncières estimées à ce stade à 5 M€.
Le Réseau Express Vélo, lorsqu’il serait réalisé en site propre, aurait le statut de route départementale dont les caractéristiques, notamment la largeur, les réserveraient aux vélos, qu’ils soient classiques ou à assistance électrique.
Le coût global se décline par axe comme suit (les coûts estimatifs ci-dessous s’entendent hors acquisitions et études complémentaires) :
– Sur le secteur Sud-Est (territoire du SICOVAL), deux pénétrantes potentielles ont été identifiées :
Escalquens / Labège / Toulouse suivant l’axe de la RD916 – coût des aménagements estimé à 9 M€ pour 5,1 km.
Castanet / Ramonville / Toulouse reprenant la rive Est du Canal du Midi : coût des aménagements estimé à 4,5 M€ pour 5,2 km.
A noter que des liaisons vers les gares d’Escalquens et de Labège, ainsi qu’un franchissement sur le Canal du Midi sont également suggérées pour un montant total estimé à 2,5 M€.
– Sur le secteur Sud-Ouest (territoire du Muretain Agglo), un axe majeur a été mis en avant:
Muret / Roques / Portet / Toulouse le long de la RD120 et RD817 – coût prévisionnel des aménagements cyclables de 12 M€ pour 11,6 km. Sur ce secteur, a également été étudiée la liaison route d’Espagne / boulevard Eisenhower et évalué son aménagement à 7 M€ supplémentaires. Toutefois, cette liaison étant située sur le territoire de Toulouse Métropole, elle n’est pas comptabilisée dans le montant global. –
Enfin, sur le secteur Ouest (territoire du Muretain Agglo et de la Communauté de communes Save au Touch), deux liaisons sont proposées qui se prolongent sur le territoire de la Métropole :
St-Lys / Fonsorbes / Plaisance-du-Touch pour rejoindre Tournefeuille le long de la RD632 – coût des travaux estimés à 9,5 M€ pour un linéaire entre 11,1 km et 12,2 km.
Fonsorbes / La Salvetat / Colomiers en empruntant la RD82 – coût des travaux estimés à 8,5 M€ pour 8,7 km.
Une jonction transversale via la RD42 est proposée. Le coût estimé s’élève à 2 M€.
La réalisation des REVe dans ces secteurs permettrait de doubler la part modale vélo par rapport aux projections établies dans le Projet mobilités 2020-2025-2030, passant ainsi de 2,6% à 4,8%, et d’amorcer ainsi un basculement notable des pratiques dans l’agglomération toulousaine. A noter que la rentabilité socio-économique (calcul de la Valeur Actualisée Nette) serait atteinte en 3 ans après la réalisation de l’intégralité des itinéraires cyclables.
Afin de compléter et d’affiner ces éléments d’étude, des analyses techniques et foncières complémentaires, ainsi que des évaluations environnementales vont être nécessaires. Mais, comme dans tous les projets que nous menons aujourd’hui, il est également primordial de construire ces projets avec les acteurs du territoire : élus, partenaires institutionnels, associations et population.
Je vous propose donc d’organiser un dialogue citoyen en vue du calage définitif de ces projets, de leur financement et de leur réalisation opérationnelle, selon le calendrier suivant :
– Septembre à novembre 2019 : concertation avec les acteurs locaux et les partenaires institutionnels,
– BP 2020 : validation par l’Assemblée départementale des modalités générales de concertation avec le public et du plan de financement des REVe,
– d’avril à fin novembre 2020 : dialogue citoyen avec la population afin d’échanger sur les projets envisagés.
– BP 2021 : validation par l’Assemblée départementale de la réalisation du premier plan REVe en Haute-Garonne.
S’agissant de projets longs et complexes, qui s’apparentent à des projets routiers majeurs, il vous est proposé, afin de ne pas perdre de temps, d’engager les études environnementales qui nécessitent un état initial de l’environnement sur une année complète, ainsi que la réalisation des analyses foncières nécessaires sur les itinéraires pressentis.
Un des axes « pénétrants », Muret / Roques / Portet, pourrait faire l’objet d’un traitement particulier du fait des opportunités liées au calendrier de réalisation de la Ligne Express Bus L117 sur le même itinéraire, projet actuellement étudié par Tisséo Collectivités. Sur cet axe, il serait en effet possible d’envisager une concertation conjointe du public sur les deux projets, Ligne expresse et REVe en septembre 2019.
Enfin, une autre opportunité d’aménagement cyclable en REVe me parait intéressante à vous soumettre. Il s’agit du Canal de Saint-Martory. Propriété du Département, le Canal de Saint-Martory présente toutes les caractéristiques d’un REVe : itinéraire continu, déconnecté de la circulation (excepté au niveau d’intersections avec des voiries), axe pénétrant vers Toulouse. Toulouse Métropole va prochainement déposer un dossier de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) auprès des services de l’Etat en vue de l’aménagement cyclable et piéton d’une des berges du canal de Saint-Martory depuis Tournefeuille jusqu’à Villeneuve-Tolosane. Comme dans les autres secteurs de l’agglomération toulousaine où le Conseil départemental travaille en concertation avec Toulouse Métropole pour aménager le Réseau Express Vélo, je vous propose d’étudier l’aménagement du canal de Saint Martory sur 4 km depuis la limite communale de Villeneuve-Tolosane jusqu’à la partie agglomérée de Seysses.
Le Conseil départemental s’est engagé depuis 1997 dans une politique cyclable au travers de sa propre maîtrise d’ouvrage pour la construction d’itinéraires cyclables structurants de loisirs ou aux côtés des collectivités locales en les aidant financièrement à la constitution d’un maillage cyclable de leur territoire. Nous avons aujourd’hui dans ce domaine un autre défi à relever. Face à l’urgence que constitue l’amélioration de la mobilité dans l’agglomération toulousaine, étant données ses conséquences actuelles sur la congestion et ses répercussions sur la santé et le bien-être des Hauts-Garonnais, il est de notre devoir de construire avec les acteurs concernés et nos concitoyens une mobilité durable dont le vélo constitue désormais une pièce majeure.
Aussi, je vous propose que le Département s’engage dans la création d’un Réseau Express Vélo structurant sur l’agglomération toulousaine, hors territoire métropolitain, là où le Conseil départemental est compétent pour construire des voies nouvelles.
Dans cet objectif, je vous propose :
-de lancer une phase de concertation avec les acteurs et les partenaires locaux pour échanger sur les tracés retenus et les plans de financement correspondants,
-de lancer les études environnementales, foncières, techniques adaptées à chaque itinéraire, afin d’alimenter le dialogue citoyen à venir,
-d’engager la concertation préalable avec le public dans le cadre de la création de la Ligne Express Bus L117 Muret / Roques / Portet-sur-Garonne / Basso Cambo,
– de m’autoriser à signer tout document relatif à ces démarches.
Je vous demande, Mesdames et Messieurs, de bien vouloir en délibérer.
Rapporté par Julien KLOTZ, Conseiller Départemental de Toulouse 1