Novembre 2020 : Face à l’urgence sociale, un Département mobilisé

Neuf mois après le début de la crise du Covid-19, quel regard portez-vous sur le contexte social actuel ?

Un regard lucide. La réalité c’est que si l’urgence sociale ne date pas d’aujourd’hui, elle est exacerbée par les conséquences de la crise sanitaire. C’est le « tsunami social » évoqué par le Président Georges Méric. C’est factuel et les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis le début de la crise, le nombre de bénéficiaires du RSA a augmenté de plus de 6% pour atteindre près de 38 500 allocataires. Derrière les chiffres il y a des personnes, des situations personnelles dramatiques. Celles et ceux qui étaient déjà fragilisé.e.s le sont encore plus. Celles et ceux qui réussissaient jusqu’alors à garder la tête hors de l’eau sont frappé.e.s de plein fouet. Les travailleurs sociaux du Département accompagnent quotidiennement ces publics paupérisés, comme ils le faisaient déjà avant la crise. Face au drame social qui se joue, la responsabilité nous impose de porter ce regard lucide, sans faux semblant, sur notre société : oui, les douleurs sociales contemporaines se sont aggravées. Affronter le réel avec lucidité, c’est la condition essentielle à la construction d’un « monde d’après » souhaitable.

Sommes-nous prêt.e.s à faire face à ce « tsunami social » ?

Dès le début de la crise sanitaire, le Département était en première ligne. Il a su réagir vite et fort, s’adapter dans un contexte difficile et changeant.

La solidarité c’est notre ADN. Nous avons déployé un véritable « bouclier social » pour atténuer la dureté de cette crise dans le quotidien des Haut-garonnaises et des Haut-garonnais. C’était une nécessité de préserver au mieux le pouvoir d’achat de celles et ceux qui en ont peu.

Au-delà, il y avait une obligation presque morale de poursuivre les investissements publics. Nous le savons, l’économie de la région toulousaine dépend beaucoup du secteur de l’aéronautique fortement fragilisé. Nous avons décidé de maintenir la construction et la rénovation des collèges, d’accélérer le déploiement de la fibre optique et ainsi de maintenir notre niveau d’investissement dans l’économie locale haut-garonnaise.

Il faut toutefois faire preuve d’humilité car l’urgence sociale et la crise économique sont sérieuses, elles n’ont pas encore atteint leur pic et nous savons d’ores et déjà qu’elles vont  s’inscrire dans le temps. Une crise d’une telle ampleur nécessiterait de tous les acteurs locaux et nationaux une véritable coordination en matière de solidarité et d’investissement.

Si le gouvernement injecte des milliards d’euros dans l’économie pour soutenir les grandes entreprises à travers son plan de relance, je regrette qu’il n’ait rien prévu en matière de pouvoir d’achat et de solidarité. Des propositions avaient été avancées, comme le revenu de base ou la revalorisation des salaires de celles et ceux qu’on a appelé “les premiers de tranchée”, je pense en particulier aux caissières, aux caristes, aux livreurs, aux aides-soignantes, aux infirmières, aux éboueurs,… Toutes ces propositions ont malheureusement été rejetées par le gouvernement.

Concrètement, comment le Département lutte-t-il contre cette multicrise ?

Construire un bouclier social face à cette nouvelle réalité demande adaptabilité, réactivité, innovation et proximité. Notre collectivité a répondu à l’urgence liée à la précarité du confinement tout en anticipant la crise sociale qui s’annonce durable.

L’urgence a d’abord été d’aider les plus précaires et les acteurs des territoires : distribution de bons solidaires, maintien des aides sociales, ouverture de places d’accueil d’urgence pour les enfants en danger, augmentation du budget alloué aux structures d’insertion économique, création de fonds d’aide pour le secteur associatif, les auto-entrepreneurs et les artisans ou encore le prêt de tablettes numériques aux collégiens. Ces mesures rapides ont prouvé leur efficacité pour assurer un premier “filet” social.

Avoir une réponse adaptée, c’est aussi regarder sur le long terme ! Malgré un budget contraint, nous avons augmenté les moyens alloués aux travailleurs sociaux et  médico-sociaux, et recruté 170 postes supplémentaires dans les solidarités, soit une augmentation de 11%. Nous avons accru les services de proximité afin d’être au plus proche des habitants et de prévenir ainsi les fragilités qui s’annoncent.

Et en matière territoriale ?

Nous le savons, les inégalités sociales se superposent souvent aux fractures territoriales.

La diversité de notre département, de la métropole à la montagne, est une richesse mais, là aussi, il faut faire preuve de lucidité. Nous connaissons  de véritables inégalités d’accès aux services publics en matière de santé, d’éducation, de transports, d’accès à l’emploi,… Nous considérons que chaque bassin de vie a droit à maîtriser son destin. C’est pourquoi nous menons des politiques de solidarité territoriale afin de permettre un développement équilibré de chaque territoire en finançant les équipements collectifs communaux et intercommunaux indispensables à la vie quotidienne : écoles et crèches, équipements sportifs, culturels, de loisirs…

Comment envisagez-vous demain ?

La crise que nous vivons a des conséquences économiques, sociales mais également psychologiques importantes. Quand notre futur est incertain, c’est notre confiance dans le système démocratique qui est menacé.

En ces temps chamboulés, il faut garder un cap. Notre engagement a toujours été clair : l’Humain d’abord. Ce sont ces valeurs d’humanisme, de solidarité et de justice sociale que nous devons plus que jamais défendre afin de construire la société de demain.

Sébastien VINCINI, Président du Groupe Socialiste, Radical et Progressiste, Conseiller Départemental du Canton d’Auterive.